La Nuit rwandaise

La nuit est tombée le 7 avril 1994 au Rwanda...
L’implication française dans le dernier génocide du XX siècle

La nuit est tombée le 7 avril 1994 au Rwanda, après cette opération Amaryllis pendant laquelle les légionnaires et les paras français se déplaçaient au milieu d’un bain de sang. Les tueurs en action, militaires et miliciens qu’ils avaient formés, les saluaient avec respects, fusils ou machettes aux poings. Les « comités d’autodéfenses populaires », fruits de la coopération militaire franco-rwandaise, se livraient sous leurs yeux, dans la connivence, à l’extermination des civils.

A la fin de l’opération Amaryllis, le trie était fait. Les Blancs étaient évacués. On avait tiré le rideau. Les responsables français avaient clairement donné leur consentement aux tueurs en laissant faire. Les massacres pouvaient alors se développer dans tout le pays, sans témoin étranger, dans la nuit rwandaise… Il s’agit de l’abandon d’une minorité désarmée, l’abandon à l’holocauste de civils innocents. Un holocauste prévu par ceux qui organisaient leur abandon.

Ce livre révèle crûment le rôle de la France dans le génocide. Il l’explique. Il le place dans son contexte politique et historique. Un contexte que peu de gens connaissent, y compris les Rwandais, mais qui n’avait pas échappé aux services français. L’approche historique permet de comprendre le raisonnement des concepteurs du génocide et de leurs complices. La 1ère République rwandaise est fondée sur les massacres de la minorité tutsi depuis 1959, comme le « petit génocide » de Gikongoro (mais peut-il y avoir des « petits » génocides ?). Des dizaines de milliers de victimes, hommes, femmes et enfants, massacrés en 1963. Qui en a parlé ? Bertrand Russel ? Quelques journalistes ? Personne ne les a entendu et voulu les entendre. Ce sont les vainqueurs qui font l’histoire, pas les vaincus.

En Turquie, le génocide des Arméniens n’a pas trop pourri la vie de ceux qui l’ont accompli. Il n’existe que par la parole des survivants de la diaspora. Si la communauté internationale a reconnu le génocide des Tutsi de 1994 comme elle l’a fait pour la Shoah, c’est bien parce que ceux qui l’ont accompli ont perdu. Mais cette victoire du FPR, le Front patriotique, engagé contre une armée soutenue par la France, n’était pas inéluctable. C’est même une première historique. Elle a obligé les complices à réviser leur copie, à parler d’aristocraties guerrières et à lancer l’opération Turquoise. Ils n’ont pas pu arrêter la déroute de leurs anciens alliés, mais sont parvenus à brouiller les cartes.

Au Rwanda le nombre de survivants est infime. Il s’agit surtout de femmes violées qui sont en train de mourir du Sida dans les collines. Les chiffres sous-estimés de 250.000 à 500.000 morts que rabâchait l’AFP dans tous ses communiqués (jusqu’en 1998 !) témoignent de l’intensité de la désinformation : La presse évoquait un « conflit ethnique » au cœur des ténèbres, un massacre de plus. Un massacre un peu plus radical que les autres, c’est tout. Ces chiffres pouvaient être digérés par l’opinion internationale. Le million de victimes qu’il faut y ajouter, ont été doublement éliminées : rayées des vivants et aussi rayées de la réalité. Elles n’auraient jamais existé. Quand, sur des collines entières tous les Tutsi ont été éliminés, plus personne n’est là pour parler des disparus. Seuls restent pour témoigner des os, enfouis dans les latrines, dispersés dans les collines ou au fond du lac Victoria. Des restes qui n’ont pas été recensés et qui le seront sans doute jamais.

Ce livre présente les premières images de l’horreur d’un holocauste que l’on veut, en France, nier, oublier, minimiser, effacer ... Au milieu de ces photos insoutenables, il y a les militaires français de Noroît qui contrôlaient en 1993 les cartes d’identité des Rwandais, sur les barrières. Ces images illustrent et résument une complicité que l’on cherche à dissimuler.

La Nuit rwandaise constitue une étude précise et argumentée. Ce livre détaille les soutiens militaires, les relais médiatiques et intellectuels qui ont été apportés en France à un nazisme tropical. L’implication politique française y est mise à nu, ses racines apparaissent : les liens et les affinités de François Mitterrand avec une nébuleuse d’extrême droite dont on retrouve l’idéologie au sein même de l’armée, en particulier dans l’ex-coloniale (les RPIMa) et les services secrets. Ces évènements tragiques ont montré qu’un petit nombre d’officiers extrémistes, assurés de leur impunité et gestionnaire du secret-défense, noyautent les services et verrouillent la politique africaine. Car l’implication française dans le génocide s’est accompagnée d’une activité diplomatique intense : réhabilitation du dictateur-prédateur Mobutu, alliance avec le Soudan dont le régime affameur, massacreur et raciste était déjà, en 1994, un sanctuaire pour Oussama Ben Laden…

Avec 128 pages de documents visuels, soit près de 330 photos et 688 pages de textes, c’est, après les dissimulations de la mission Quilès, une mise au point essentielle, par le texte et par l’image, sur l’implication française dans le génocide des Tutsi.

Jean-Paul Gouteux

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La nuit est tombée le 7 avril 1994 au Rwanda...
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Date de publication en ligne : 6 avril 2002
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