Sans-Papiers: Questions à Anicet Muamba de l’UDEP
9 mai 2008

Union pour la Défense des Sans-Papiers (UDEP)
Manifestation européenne du 7 mai 2008

Lors du rassemblement contre “la directive de la honte” du 7 mai 2008 devant le Parlement Européen, Anicet Muamba, porte parole du l’UDEP, Union pour la Défense des Sans-Papiers, fait un point sur les luttes en cour et les perspectives de régularisation en Belgique.

Interview d’Anicet Muamba :

Quelque 600 personnes ont manifesté mercredi sur la place du Luxembourg, à Bruxelles, contre un projet de directive européenne sur la détention et l’exclusion des personnes étrangères.

Le projet de directive sera soumis au vote au parlement européen dans le courant du mois de juin. Une pétition en ligne contre le projet a déjà récolté les signatures de plus de 34.000 citoyens européens et 800 organisations.

Les manifestants, parmi lesquels figuraient des membres de diverses organisations comme la Ligue des droits de l’Homme, le CIRE, le MRAX ou Oxfam et des syndicats FGTB et CSC, craignent une banalisation de l’enfermement des étrangers. Des personnalités politiques belges, dont la ministre Marie Arena et la députée Karine Lalieux pour les socialistes, la députée Clotilde Nyssens pour le cdH et le député européen et vice-président du groupe Verts/ALE Pierre Jonckheer, la députée Zoé Genot et la coprésidente d’Ecolo Isabelle Durant pour le parti vert, figuraient parmi les manifestants.

L’enfermement des étrangers, qui pourrait atteindre 18 mois en cas d’approbation du projet de directive, est perçu par les organisations à l’initiative de la manifestation comme une sanction et non comme une mesure devant faciliter l’éloignement des personnes en séjour illégal.

LA SITUATION DES SANS-PAPIERS EN BELGIQUE

La ministre de la Politique de migration et d’asile, Annemie Turtelboom (membre du parti VLD), ne veut pas entendre parler d’un moratoire sur les expulsions, explique-t-elle samedi dans les colonnes de “De Standaard” et “De Morgen”.

La ministre ne suit donc pas les deux partis de la majorité qui se sont prononcés en faveur d’une suspension des rapatriements à la suite du suicide d’un ressortissant camerounais de 32 ans, Ebenizer Folefack Sontsa, qui se serait pendu jeudi au centre fermé de Merkplas. Son avocat estime qu’il avait de réelles chances d’être régularisé. Il dénonce par ailleurs les violences subies par son client lors d’une tentative d’expulsion dimanche dernier.

Les proches ne croient pas à un suicide

Ce ressortissant camerounais, sans-papiers, se serait suicidé la semaine dernière au centre fermé de Merksplas. L’avocat de sa famille va réclamer une enquête indépendante, incluant une autopsie du corps et l’audition d’autres personnes enfermées dans ce centre. Plusieurs proches du défunt, dont un ami qui a vu le corps, affirme qu’il ne portait pas de traces de strangulation mais bien des traces de coups.

A la suite de ce tragique événement, le PS et CdH ont réclamé un moratoire d’urgence relatif à l’expulsion de personnes qui entrent dans les critères fixés dans l’accord de gouvernement pour une régularisation.

“Nous allons aussi vite que possible mettre en place une circulaire. Un moratoire est trop flou et ne donne que de faux espoirs aux gens. Seule une circulaire est en mesure de donner une certitude absolue aux sans-papiers”, répond la ministre Annemie Turtelboom.

En Belgique, les expulsions vont donc se poursuivre…

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Une circulaire sur la régularisation sera présentée le 20 mai selon la ministre de l’Asile et des Migrations

La ministre de l’Asile et des Migrations, Annemie Turtelboom, a annoncé pour le 20 mai, ou au plus tard début juin, la circulaire sur la régularisation des sans papiers. La ministre a précisé ce mardi en Commission du Sénat que le projet de circulaire sera discuté mercredi au sein de la majorité. “S’il y a un accord, je signe demain”, a-t-elle dit.

L’accord de gouvernement prévoit qu’une circulaire reprenne des critères de régularisation pour longue procédure et ancrage local. Les discussions au sein de la majorité sont difficiles concernant l’ancrage local et plus précisément relativement à la latitude qui sera laissée à cet égard aux bourgmestres.

Mardi, le ton est monté en Commission de l’intérieur où les sénateurs ont évoqué le drame d’un sans papier camerounais retrouvé mort au centre fermé de Merksplas, les incidents qui ont émaillé une manifestation devant l’Office des étrangers et le Palais de justice à Bruxelles la semaine dernière ainsi que des actes de violence à l’aéroport.
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CDH, PS et Ecolo pressent les régularisations

Le cdH veut que le gouvernement puisse prendre rapidement les décisions annoncées en matière de régularisation des sans-papiers et estime qu’il faut entre-temps éviter d’expulser des personnes entrant déjà dans les critères établis par l’accord de gouvernement. Cette intervention des centristes intervient en réaction au suicide d’Ebenizer Folefack Sontsa, le Camerounais en passe d’être expulsé à Merksplas. Aux dernières nouvelles, il aurait été victime de violences (lire l’article). Pour le cdH, les circonstances de ce drame humain inadmissible devront être éclaircies et les responsabilités éventuelles clairement déterminées.
Le PS, de son côté, exige de toute urgence un moratoire des expulsions pour toutes les personnes susceptibles d’entrer dans les critères de régularisation prévus dans l’accord de gouvernement.

Depuis l’opposition, Ecolo considère qu’il est urgent et crucial que la majorité tranche le débat sur les sans-papiers en Conseil des Ministres, plutôt que par communiqués interposés, et envoie enfin un signal clair et univoque aux milliers de personnes qui attendent désespérément de connaître le sort qui leur sera réservé, disent encore les écologistes.

cdH

Le parti tient à rappeler la nécessité de respecter les recommandations de la commission Vermeersch (chargée de l’évaluation des instructions en ce qui concerne les expulsions) dans le déroulement de la procédure d’expulsion. Le processus d’expulsion se doit en effet d’être respectueux des droits les plus élémentaires de la personne à expulser.
Le cdH souligne qu’il a demandé, lors du Conseil des ministres restreint de mercredi, la présentation au maximum dans les 4 prochaines semaines d’un texte de circulaire concrétisant les critères de longues procédures et d’ancrage local durable repris dans l’accord de gouvernement.

PS

Réagissant à son tour à l’annonce du suicide, le PS note que d’après certaines informations, il apparaît que le demandeur d’asile qui a mis fin à ses jours répondait aux critères de régularisation qui figurent dans l’accord de gouvernement. Le président du parti, Elio Di Rupo, considère que l’accord de gouvernement est un tout et qu’il est urgent de mettre en oeuvre l’ensemble de son contenu, en particulier la partie humanitaire prévue dans le cadre du chapitre de l’immigration.

Dès le moment où le comité ministériel restreint a décidé -à la demande des ministres Laurette Onkelinx et Marie Arena, souligne le PS- que la circulaire définissant ces nouveaux critères devrait lui être présentée dans le mois, le parti socialiste estime d’autant plus fondée sa demande qu’un moratoire soit pris de toute urgence pour toutes les personnes susceptibles d’entrer dans les critères. M. Di Rupo en appelle aussi à un minimum d’humanité de tout un chacun et en particulier des membres du gouvernement.

Ecolo

Selon Ecolo, il aura fallu passer par le suicide d’un sans-papiers à Merksplas pour que le PS et le cdH se réveillent dans la presse. Les Verts disent se réjouir du fait que les deux partis le rejoignent enfin sur la demande de moratoire dans l’attente de l’adoption et la mise en œuvre d’un texte précisant enfin des critères clairs de régularisation. Une demande qu’Ecolo dit formuler inlassablement depuis des mois au parlement. Aujourd’hui, les sans-papiers sont en droit d’attendre de la majorité qu’elle tienne ses promesses, naguère couchées dans l’accord de gouvernement, et dont la note de politique générale de la ministre Annemie Turtelboom ne parle pourtant déjà plus, affirme Ecolo dans un communiqué.

CONFERENCE DE PRESSE URGENTE A L’EGLISE DU BEGUINAGE

Ce jeudi 8 Mai à 10 heures,

Les sans papiers sont en colère : malgré les promesses des différents partis depuis deux ans et de l’ accord gouvernemental récent, la répression s’accentue contre les sans papiers et leur soutiens : les sans papiers vivent chez nous depuis parfois des années sans aucuns droits et le gouvernement a fait un geste fort en les arrêtant lors de la manifestation du 29 avril. Ainsi le seul droit qui leur restait, celui de manifester pour réclamer leur dignité, leur est retiré Ils se font arrêter lors de manifestations, enfermés, expulsés et même tués.

Les sans papiers du Béguinage appellent tous les sans papiers et leur soutiens à les rejoindre à l’église ce jeudi 8 mai à 10 heures lors de la conférence de presse pour annoncer la grève de la faim générale et illimitée de tous.

Ils seront quelques centaines, toutes nationalités confondues, à rejoindre les occupants du Béguinage pour entamer cette action de la dernière chance.

Ils réclament

— La libération de tous les prisonniers

— la suppression des centres fermés

— L’arrêt des expulsions

— Une régularisation immédiate

POUR LES SANS PAPIERS DU BEGUINAGE
Collectif des Sans Papiers en Lutte – CSPL-GSM : 0474 50 36 55 – 0498390429
Soutien 063-4424608-85
Adresse email : collectif_cspl@yahoo.fr
Site : csplbruxelles.unblog.fr

MOBILSATION DES SANS PAPIERS DU BEGUINAGE POUR LA LIBERATION D’UNE OCCUPANTE

Ce jeudi 24 avril 2008 au matin, une femme de l’occupation de l’Eglise de Béguinage s’est fait arrêtée au commissariat de Molenbeek alors qu’elle s’y rendait pour répondre à une convocation officielle.

A ce moment, les autres occupants de l’église étaient en réunion avec les représentants nationaux de la CSC et du MOC. Alertés par un appel de leur camarade arrêtée, ils se sont mis en route, calicots en tête vers le commissariat de Molenbeek. Au regard des restrictions imposées systématiquement aux manifestations des sans papiers, ceux-ci avaient pris le soin de prévenir la police de leur venue dans le but de réclamer sa libération.

Arrivés à Comte de Flandre, la cinquantaine de sans papiers et les syndicalistes qui les accompagnaient furent rapidement encerclés par la police anti-émeute envoyée par le bourgmestre socialiste Philippe Moureaux. Les 30 policiers ont coupé la route des manifestants et les ont repoussé jusqu’à les enfermer dans un coin de la place devant le commissariat, distribuant des coups de matraque ça et là. Aucune violence ni menace du côté des sans papiers ne pouvaient justifier une telle offensive.

Le syndicaliste a appelé le bourgmestre qui est venu sur place et a promis la libération de la femme. Ce n’est qu’après cet engagement officiel, que les sans papiers sont repartis vers l’Eglise, satisfaits mais heurtés par l’accueil qui leur avait été fait.

Les sans papiers du Béguinage souhaitent remercier la CSC pour ses multiples engagements à leurs côtés et appellent toujours la FGTB à les rejoindre dans leur lutte quotidienne. Ce syndicat a précisé qu’il devait attendre une prochaine rencontre organisée par le CIRE pour décider d’une stratégie d’actions future.

Alors que le PS prétend toujours soutenir une politique de régularisation cohérente et humaine, comment expliquer qu’à l’échelle locale certains bourgmestres de ce parti adoptent une attitude répressive à l’encontre des sans papiers ?

ARRÊTER LA CRIMINALISATION DES SANS PAPIERS !
REGULARISATION DE TOUS LES SANS PAPIERS !
Collectif des Sans Papiers en Lutte – CSPL
GSM : 0474 50 36 55
collectif_cspl@yahoo.fr
Site : csplbruxelles.unblog.fr
Soutien : 063-4424608-85

Une centaine de personnes arrêtés lors d’une manifestation ce 29 avril 2008

Une centaine de personnes, dont 12 sans-papiers, ont été arrêtées mardi peu avant 17h00 devant l’Office des étrangers suite à une manifestation et une occupation non autorisées organisées par l’Union de défense des sans-papiers et des étudiants de l’ULB, selon la police et un organisateur de la manifestation.

L’intervention policière s’est déroulée sans incident et rapidement, selon la police. Un des organisateurs de la manifestation, qui a été privé de liberté, fait état de violences policières. Il indique que des enfants ont également fait l’objet d’arrestations et que les sans-papiers arrêtés sont “terrorisés”.

Les personnes ont été emmenées dans deux bus de la police qui avaient été affrétés sur place en raison de l’action menée face à l’Office des étrangers. Elles seront emmenées au commissariat en vue d’être identifiées. Les manifestants qui sont en séjour illégal en Belgique seront mises à disposition de l’Office des étrangers, qui devrait délivrer soit un ordre de quitter le territoire soit ordonner un rapatriement et les conduire vers un centre fermé.

Une petite centaine de manifestants ont réclamé lundi 5 mai devant l’Office des étrangers à Bruxelles, la libération des douze sans-papiers interpellés mardi à la suite d’une précédente action menée déjà devant l’Office des étrangers.

Les organisateurs du rassemblement avaient obtenu l’autorisation de manifester, qui a été conditionnée par le respect de 18 mesures. Le rassemblement s’est déroulé sans incident. Seuls quelques manifestants se sont assis durant un bref instant sur le boulevard du Roi Albert II. La police n’était pas visible sur le lieu du rassemblement.

« Les occupants de l’église du Béguinage manifestent tous les lundis devant l’Office des étrangers depuis cinq semaines. Mais cette fois nous sommes venus réclamer la libération de nos camarades. Le directeur de l’Office des étrangers refuse de nous recevoir. La répression de mardi ne fait que renforcer la volonté des sans-papiers de continuer leur combat », a déclaré Abdeslam El Yacoubi, l’organisateur de la manifestation.

« Nous organisons régulièrement des manifestations mais nous n’avons jamais connu d’arrestations de sans-papiers. Je crois que les étudiants de l’ULB ont été imprudents et n’auraient pas dû impliquer les sans-papiers dans leur action », a réagi Oscar Florès, porte-parole de la CRER (Coordination contre les Rafles, les Expulsions et pour la Régularisation).

« Nous réclamons un moratoire sur les expulsions depuis juin 2007, soit déjà depuis avant les élections et aucun parti n’en voulait. Cette idée revient toutefois à présent sur la table », s’est-il réjoui. La manifestation de ce lundi était soutenue par les syndicats FGTB et CSC.

« Nous voulons réagir par rapport aux arrestations de mardi. Même pour une question de police, on ne transfère pas des sans-papiers vers des centres fermés. L’attitude du bourgmestre socialiste, qui a certainement été influencé par le ministre de l’Intérieur, ne nous réjouit pas », a dit Eric Buyssens, de la FGTB-Bruxelles.

Sur les douze sans-papiers enfermés aux centre de Vottem et de Merksplas, six étaient des occupants de l’église du Béguinage située à Bruxelles. L’un d’eux, Mohamed Camara, était un des leaders du groupe, selon les curés de l’église, Daniel Alliet et Jean-Mathieu Lochten, qui étaient présents à la manifestation. Selon ceux-ci, plusieurs sans-papiers interpellés suite à la manifestation de mardi et qui sont depuis enfermés sont connus de l’Office des étrangers et sont toujours en cours de procédure, contrairement à ce que déclare l’Office des étrangers. « C’est le sixième jour qu’ils sont enfermés. C’est inadmissible, d’autant plus que la conduite des manifestants était irréprochable. L’occupation de l’église du Béguinage se déroule également sans incidents. Le bourgmestre n’a aucune raison de faire intervenir la police pour des motifs d’hygiène ou de sécurité », a expliqué le curé Jean-Mathieu Lochten.

L’avocat Vincent Lurquin a déclaré avoir été malmené mardi soir après la manifestation.

Source: Le Soir

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